Cette belle fougère a été cueillie par Rousseau dans le massif du Pilat, en août 1769, à l’occasion d’une excursion botanique désastreuse. Le philosophe se plaint du mauvais temps et peine à trouver des spécimens remarquables, parce que la saison est déjà trop avancée. De surcroît, ses compagnons de voyage l’agacent : leur intérêt pour la botanique s’avère limité et leur attitude obséquieuse déplaît au célèbre écrivain. Cependant, Rousseau a promis d’envoyer des échantillons à son ami Marc-Antoine-Louis Claret de La Tourrette (1729-1793), botaniste lyonnais avec qui il correspond, et qui publiera bientôt une flore du Pilat. Le spécimen de Polypodium dryopteris compte parmi ces envois. Comme à son habitude, Claret de La Tourrette fixe la plante qu’il a reçue sur un nouveau papier et il laisse une annotation, précisant le nom du donateur et le lieu de récolte. Redécouvert dans les années 1960 dans l’herbier général du Jardin botanique de Lyon, l’échantillon offert par Rousseau n’est pas isolé : nous en connaissons vingt-huit autres (en 2023), sans compter les spécimens que Claret de La Tourrette a récoltés en compagnie de Rousseau, pendant leur herborisation commune à la Grande Chartreuse. Ainsi, de temps en temps, des spécimens oubliés resurgissent au sein de l’herbier lyonnais pour plus le plus grand bonheur des conservateurs et des chercheurs. Ils sont alors reconditionnés sur un papier moderne, numérisés et conservés à part.
