L'herbier du Jardin botanique de Lyon contient un nombre indéfini de spécimens envoyés par Jean-Jacques Rousseau au botaniste lyonnais Marc-Antoine-Louis Claret de La Tourrette. Nous en connaissons actuellement trente-quatre (en 2024), auxquels s'ajoutent douze spécimens récoltés par Claret de La Tourrette en compagnie de Rousseau. Ces échanges sont documentés par Rousseau lui-même dans sa correspondance ; ils témoignent de son intérêt pour la flore de montagne.
La collection
Les herbiers du Jardin botanique de Lyon rassemblent environ 300 000 parts. Le plus volumineux d'entre eux est l'herbier général qui est né de la fusion, au XIXe siècle, de plusieurs collections dont celle de Marc-Antoine-Louis Claret de La Tourrette (1729-1793) (informations de Frédéric Danet). Cet herbier abrite un nombre indéfini de spécimens récoltés par Rousseau et envoyé à son correspondant lyonnais. Lorsque, au hasard des recherches, un spécimen envoyé par Rousseau ou récolté avec Rousseau resurgit, il est numérisé par le Jardin botanique et conservé à part. Il reçoit un code-barres et, parfois, il est conditionné sur un nouveau papier. Ces dernières décennies, plusieurs conservateurs et chercheurs ont retrouvé de tels spécimens. Les découvertes les plus récentes (2007-2023) sont attribuables à Frédéric Danet (Pautz, Danet 2004), Jeannine Monnier, Takuya Kobayashi (2012, p. 113-116), Alexandra Cook (2012, p. 284-290) et notre équipe. La découverte d'un spécimen de Rousseau est souvent l'occasion d'un article dans la presse régionale (voir ci-dessous la bibliographie). Selon toute vraisemblance, d'autres spécimens de Rousseau attendent encore d'être retrouvés au sein de l'herbier général. La collection virtuelle que nous partageons ici n'est donc pas complète.
Les spécimens récoltés par Claret de La Tourrette en compagnie de Rousseau proviennent tous de leur herborisation commune à la Grande Chartreuse, en juillet 1768 (Magnin 1885 ; Roux 1914). Quant aux spécimens envoyés par Rousseau, plusieurs d'entre eux proviennent de son herborisation au Pilat en août 1769 (Perrin 2012 ; Léchot 2021 ; Philippe 2021, 2023). L'une et l'autre collection se distinguent par la mention fréquente du récolteur et du lieu de récolte (Cook 2007). Claret de La Tourrette laisse en effet des annotations pour préciser que la plante lui vient de Rousseau ou qu'il l'a cueillie en compagnie du philosophe. Quelques échantillons s'accompagnent par ailleurs d'une annotation de Rousseau qui indique le nom latin de l'espèce.
Pour distinguer les spécimens récoltés par Rousseau et les spécimens récoltés par Claret de La Tourrette, nous les répartissons en deux contenants virtuels. Aux spécimens présentés ici s'ajoutent quatre plantes observées par Kobayashi (voir la description du premier contenant). Kobayashi (2012, p. 113-116) a par ailleurs découvert un spécimen de Phegopteris polypodioides récolté par Rousseau, provenant des collections de Claret de La Tourrette et inséré dans un herbier du botaniste lyonnais Jean-Emmanuel Gilibert (1741-1814). Sur cet herbier-ci, voir en particulier Mélanie Thiébaut, Blandine Bärtschi et Nicolas Falzon (2018). Nous n'avons pas saisi les données relatives à ce spécimen-ci qui est distinct du Polypodium phegopteris conservé au Jardin botanique.
Histoire
Du 8 au 11 juillet 1768, Claret de La Tourrette récolte des spécimens à proximité de la Grande Chartreuse, en compagnie de Rousseau. Après cette date, les deux hommes entretiennent une correspondance fournie qui s'étend au moins jusqu'en 1773 et probablement au-delà, puisque le Lyonnais reçoit encore un spécimen de Poa aquatica en 1777. Les lettres portent notamment sur l'herborisation de Rousseau au Pilat (13-20 août 1769). Rousseau y récolte des plantes à l'intention de son ami lyonnais et de sa protectrice anglaise Margaret Cavendish Bentinck (1715-1785), duchesse de Portland. Par la suite, Rousseau continue d'envoyer des spécimens à Claret de La Tourrette qui lui en procure également. Le philosophe les conserve dans ses propres collections (voir par exemple ce spécimen de la Bibliothèque publique et universitaire de Neuchâtel).
Entre 1801 et 1802, Gilibert fait acheter l'herbier de Claret de La Tourrette (plus de 7000 plantes) pour le cabinet d'histoire naturelle de l'École centrale de Lyon dont il est l'administrateur. En 1857, les collections sont transférées du cabinet de la Déserte au parc de la Tête d'or. Ils sont conservés jusqu'à nos jours dans la ferme Lambert, actuel bâtiment des directions zoologique et botanique (informations de Frédéric Danet).
Avant 1876, l'herbier de Claret de La Tourrette est intégré à l'herbier général par Ernest Faivre (1827-1879), directeur du Jardin botanique de Lyon, qui disloque ainsi la collection (Merget 1876). Cependant, avant 1885, Antoine Magnin (1848-1926) a retrouvé dans l'herbier général « plusieurs plantes » (Magnin 1885, p. 9) récoltées par Claret de La Tourrette avec Rousseau, notamment le Lichen islandicus.
Un siècle plus tard, en 1972, trois échantillons de plantes récoltées par Rousseau sont exposés au Musée d'histoire naturelle de Lyon : le Polypodium dryopteris, la Filicula et le Polypodium phegopteris déjà mentionné. À l'Université Lumière Lyon 2, en 2007, une dizaine d'échantillons découverts par Kobayashi sont montrés à l'occasion d'un colloque sur « Rousseau et les philosophes ». À partir de cette date et jusqu'à aujourd'hui, les découvertes se multiplient (voir ci-dessus, section « La collection »).
Botanique
[En préparation.]
Numérisation et données
Les échantillons ont été numérisés au fil des années par Frédéric Danet, responsable de l'herbier du Jardin botanique de Lyon.
Nous avons saisi toutes les données historiques relatives aux supports, aux spécimens et aux annotations. Nous n'avons toutefois pas retranscrit les étiquettes récentes, relatives à la découverte des spécimens ou à leur détermination.