Conservés à part du bel herbier confectionné par Rousseau à l'intention de Madelon Delessert, trois échantillons et une annotation encadrée ont été acquis par le Musée Jean-Jacques Rousseau de Montmorency en 2000. Ces plantes et ce document proviennent de Jean-Baptiste-Christophe Fusée-Aublet. Ils étaient en possession de la famille de Girardin jusqu'au XXe siècle.
La collection
Comme d'autres collections (Fontaine-Chaalis, Carpentras et Genève notamment), les trois échantillons de Montmorency ont été extraits du dernier herbier de Rousseau par la famille de Girardin qui en dispose après la mort du philosophe en 1778. Les Girardin estimaient manifestement que ces plantes avaient été récoltées par Rousseau, alors que nous pouvons aujourd'hui affirmer qu'elles proviennent de Jean-Baptiste-Christophe Fusée-Aublet (1723-1778) dont Rousseau acquiert une partie des collections peu avant de mourir. Les plantes sont fixées par des bandelettes de papier collées sur des feuilles de papier vergé et filigrané. Les annotations de Fusée-Aublet apparaissent sur le papier de fixation ou sur des étiquettes épinglées, de la même façon que dans la collection de la Bibliothèque publique et universitaire de Neuchâtel (voir par exemple ce spécimen).
Les trois parts d'herbier sont réunies dans une pochette cartonnée de couleur bleu foncé. La couleur de ce contenant évoque d'autres collections que les Girardin ont conditionnées au XIXe ou au début du XXe siècles : voir les boîtes de l'herbier de Neuchâtel et les dos des cadres des échantillons de Fontaine-Chaalis. Une étiquette signale la provenance de la collection et comporte deux écritures. Successivement, une main inconnue attribue les annotations à Rousseau et une seconde main inconnue les désattribue.
En plus des parts d'herbier, deux étiquettes de Fusée-Aublet ont été réunies sous un même cadre en bois, dispositif qui caractérise également les collections de la Bibliothèque Inguimbertine de Carpentras et du Musée Jacquemart-André au domaine de Chaalis.
Histoire
Comme l'indique l'étiquette, l'herbier provient de « la collection du marquis de Girardin », c'est-à-dire qu'il appartient à la collection de manuscrits, livres et objets divers en relation avec Rousseau, que la famille de Girardin conserve jusqu'au XXe siècle. Fernand de Girardin (1857-1924) confie en 1923 cette collection au nouveau Musée Jacquemart-André que l'Institut de France s'apprête à ouvrir à l'abbaye de Chaalis (voir la présentation de la collection de Fontaine-Chaalis). Or, quinze ans plus tôt, le même Fernand de Girardin avait publié une Iconographie de Jean-Jacques Rousseau où il mentionnait les spécimens encadrés du futur Musée Jacquemart-André, avant de préciser : « Le Marquis de Girardin possède plusieurs feuilles non encadrées de l'herbier de J.-J. Rousseau (Flore d'Ermenonville). » (Girardin 1908, p. 291). Il s'agit très vraisemblablement du présent ensemble, même s'il ne comporte pas de spécimens récoltés par Rousseau à Ermenonville, mais uniquement des plantes et des annotations de Fusée-Aublet.
Nous ignorons si la famille de Girardin conserve ces quelques feuilles d'herbier après 1923, si elle les vend ou si elle les donne à quelqu'un, mais les trois échantillons et les annotations encadrées resurgissent en 2000 à l'occasion d'une vente aux enchères Thierry Bodin. C'est là que le Musée Jean-Jacques Rousseau de Montorency acquiert les feuilles attribuées à Rousseau (informations de Laurine Perreau).
Botanique
Cette collection comprend trois spécimens d’origines diverses. L’Apiacée Seseli ammoides, aujourd’hui Ammoides pusilla, dont l’identification n’a pas été confirmée avec certitude ainsi que Valerianella vesicaria, une mâche de la famille des Caprifoliacées, sont des espèces du Bassin méditerranéen tandis que l’Apocynum venetum (famille des Apocynacées), dont l’identification n’est pas non plus confirmée avec certitude, est présente en Asie. Ces trois échantillons présentent des similitudes avec des spécimens d’autres herbiers ayant appartenus à Rousseau : deux exemplaires d’Apocynum venetum se trouvent dans l’herbier Rousseau du MNHN tandis qu’un double de l’étiquette indiquant « seseli ammoides L. » est présent dans l’herbier Rousseau de Neuchâtel.
Numérisation et données
Les photographies de la collection ont été réalisées par nos soins en octobre 2022, avec la coopération du Musée Jean-Jacques Rousseau de Montmorency.
Nous avons saisi toutes les données relatives aux contenants, supports, spécimens et annotations.